Suite à la dernière ronde de CSG jouée ce samedi 23 avril et gagnée par Nyon contre Winterthur en ronde centrale, Nyon établit un record de cette compétition vieille de 92 ans. Nous vous invitons à voir l’article consacré sur le site de la Fédération Suisse et laissons l’intégral du précédent article ci-dessous.
Ainsi que l’interview de Dorian et David sur NRTV (échecs: 22 minutes et 54 secondes) :
6ème ronde: Nyon bat Kirchberg et s’offre le titre de champion suisse à une ronde de la fin
« Salut Champion », dit un spectateur en entrant dans la salle d’analyse, s’adressant à Murtez Ondozi. « Pas encore! s’exclame ce dernier. Non non! Il faut encore un point et demi, et là!, on sera champion ». Une réponse qui fait rire toutes les personnes présentes, parce qu’elle démontre bien l’esprit d’équipe de notre fidèle Murtez, au club depuis 2010, alors en deuxième ligue. « Si je ne suis pas champion cette année avec Nyon, je ne le serai jamais, c’est sûr », ajoute-t-il.
Murtez fait indirectement référence aux quatre titres de vice-champion suisse que Nyon a obtenus ces dernières années. 2015, battu par le champion Winterthur à la dernière ronde; 2018 et 2019 derrière Gonzen; 2020 derrière Winterthur encore, intouchable.
On rit, un peu, dans la salle d’analyse, mais rien n’est assuré. Dans la salle de jeu, les cerveaux chauffent. Dorian Asllani, auteur d’un superbe début de partie, subit une contre-attaque dont on ne sait pour l’heure que penser. Jean-Noël Riff a obtenu une nulle qui rassure un peu tout le monde. La suite sera heureuse, à large échelle.
L’admirable parcours de la première équipe lui a permis de décrocher son titre avant la dernière ronde de championnat. Six victoires en autant de match, parfois sur un score large, parfois avec la plus petite marge. Winterthur était pourtant sans cesse en embuscade en gardant l’espoir de glaner in-extremis le titre, puisque Nyon affrontera le champion suisse en titre lors de la dernière ronde le 23 avril. Un seul petit faux-pas, et c’était la mise en danger. Mais les Nyonnais n’ont pas tremblé, gagnant des rencontres compliquées où Winterthur a perdu des plumes, notamment un déplacement toujours périlleux à Gonzen.
Photo: Journal La Côte
La recette du titre 2022? Voici les ingrédients.
Un capitaine extraordinaire: Sébastien Joie.
A la suite des capitaines historiques de cette équipe (voir ci-dessous!), Sébastien a mis l’accent sur l’esprit d’équipe. Avoir une telle qualité de jeu en parallèle d’une solidarité à toute épreuve est un luxe dont notre club est bien conscient. Sébastien a su allier tous les paramètres avec beaucoup de finesse et de doigté. Fin tacticien, il a élaboré des stratégies de matchs gagnantes, surprenant parfois l’adversaire quand il le fallait. Les plans de matchs, variés mais très soignés, ont été suivis à la lettre.
Photo: Journal La Côte
Un esprit d’équipe hors du commun.
Très souvent cette saison, des joueurs pourtant légèrement supérieurs sur leur échiquier n’ont pas hésité à faire nulle pour le bien de l’équipe. L’exemple le plus saisissant fut à Riehen, où les trois joueurs qui jouaient encore ont choisi la nulle en même temps, alors qu’un échiquier avait un avantage franchement plus marqué. De même Dorian, symbole de l’avenir, qui choisit l’échec perpétuel lors de la dernière ronde pour offrir le titre à son club, alors qu’il avait peut-être les moyens de gagner mais en tablant sur une grosse prise de risque, et surtout alors qu’il mettait fin à sa fantastique série de victoires cette saison (100% avant la ronde!). Les joueurs, tous très motivés, ont suivi les plans du capitaine de A à Z et n’ont jamais joué l’individualité.
Photo: Journal La Côte
Des remplaçants toujours disponibles pour un « banc » fourni.
Le banc était fourni, et c’est surtout Laurent Vilaseca, capitaine de la première équipe de csg dans le passé et toujours en cse, qui a joué le rôle de remplaçant de luxe. Coup du sort pour le match à Gonzen (déplacement très long et périlleux): un joueur n’est malheureusement pas disponible. Laurent n’hésite pas et participe au voyage. Il ramène une nulle qui permet à l’équipe de gagner de justesse 4,5-3,5. Durant ce championnat, la première équipe sentait qu’elle aurait toujours assez de monde motivé, quel que soit leur niveau individuel, pour gagner contre n’importe quelle équipe. Laurent a du reste senti le vent le pousser vers l’avant, tant les joueurs de la une l’ont intégré et motivé, et surtout lui ont fait confiance!
Ci-dessous: Laurent n’est pas seulement un remplaçant comblé, il est aussi membre du comité, qui fête ici le titre avec le capitaine Sébastien Joie.
Photo: Journal La Côte.
De gauche à droite: Sébastien Joie (capitaine), Laurent Vilaseca, Jean-Paul Palau, David Auger, Anthony Pitt et David Lugeon. Manquent sur la photo: Fabrizio Sartori et Georges Khneysser.
Une volonté audacieuse d’intégrer la jeunesse au maximum.
Dorian Asllani a fait un nouveau pas dans son ascension : à quinze ans, il a toute sa place dans la première équipe grâce à la confiance totale que lui ont fait son capitaine et le reste du groupe. Avec 4,5 points en 5 matchs, il a même souvent ouvert la marque pour Nyon, ce qui est toujours favorable pour mettre la pression sur l’adversaire. Même si l’Elo du début de saison n’était pas forcément en sa faveur pour faire partie des 8, Sébastien l’aura aligné lors de cinq matchs sur six. Un sacré coup de chapeau à Dorian, qui continue à alimenter son fantastique palmarès.
Photos: Journal La Côte
Un recrutement réussi.
Bilel Bellahcene (3 rencontres) et Sevan Buscara (2 rencontres) ont joué leur premier championnat avec Nyon. Une intégration parfaitement réussie pour ces deux remarquables joueurs, qui auront certainement pris beaucoup de plaisir à jouer avec Nyon!
Ci-dessous, Bilel Bellahcene.
Photo: Journal La Côte
RETROSPECTIVE: LES CINQ « HISTORIQUES » DE LA PREMIÈRE ÉQUIPE DE CSG
C’est Stéphane Coletta qui eut un jour l’idée et l’ambition de lancer une équipe de csg. En ce temps-là, le csg était très peu joué en Romandie. L’idée était donc de commencer en 3ème ligue et de se faire plaisir à manger après les matchs. L’équipe était composée de Pascal Guex, Lindo Duratti (meilleure fourchette de l’équipe), Alexandre Bur, Quentin Bogousslavsky (meilleur tire-bouchon de l’équipe), Stéphane Gendre et Stéphane Coletta. Autant dire une équipe beaucoup trop forte pour la troisième ligue. Un seul demi-point d’échiquier fut égaré lors de cette saison, et le directeur du tournoi les autorisa à évoluer directement en 1ère ligue l’année suivante, suite à une défection d’une équipe.
L’équipe de Stéphane évolua plusieurs années en 1ère ligue avec une certaine réussite. Elle grandit aussi avec l’arrivée d’autres convives de bonnes tables. Comme un fruit mûr, la promotion en 2ème ligue fédérale (LNB) fut dignement fêtée, alors que Nyon jouait encore dans les locaux des Tattes d’Oie. Puis après plusieurs années de fidèles et loyaux services, Stéphane laissa la direction de l’équipe à Laurent Vilaseca.
Ce dernier ne tarda pas à faire valoir lui aussi son talent de coaching. Le plus grand souvenir de l’ère Vilaseca fut sans conteste la promotion en 1ère Ligue Fédérale à Gonzen. Très largement favoris, les adversaires menaient tranquillement à la marque. Seul Laurent jouait encore, dans une partie défavorable. Il décida néanmoins à continuer à jouer, tentant de mettre son adversaire sous pression avec l’horloge, alors que les locaux ouvraient déjà le champagne! Or l’adversaire tergiversa, puis tomba au temps. Les Nyonnais exultaient alors, devant les joueurs de Gonzen médusés. Une promotion que l’on qualifiera plus tard autant d’exploit que de surprise tant le match était déséquilibré sur le papier. Au sujet de cette promotion incroyable, on relit encore avec délectation le compte-rendu de Lindo Duratti dans le bulletin annuel de l’époque! Gonzen montera l’an d’après dans la catégorie reine.
Après quelques saisons en 1ère ligue fédérale, l’équipe de Laurent obtient le premier titre de vice-champion suisse en 2015. Un sacré exploit compte tenu du budget très réduit de l’équipe, alors même que le titre était encore jouable à la dernière ronde, centralisée à Kreutzlingen, contre Winterthur. Mais les Zurichois étaient trop forts.
Laurent laisse ensuite la main en 2017 au duo Fabrizio Sartori – Anthony Pitt. Ces deux fidèles Nyonnais se donnent à 100% pour jouer le titre dans des circonstances très compliquées pour le club. Leur grand mérite est de ne rien lâcher. Une saison dense et relativement épuisante, mais extrêmement importante pour la transition.
Suite à la restabilisation du comité, le club vit un temps de flottement en 2018 où il est même question de retirer l’équipe de l’élite. Mais Jean Netzer ne l’entend pas de cette oreille. Nyon est un club de convivialité, de rencontres, d’humain. Il « retape » l’esprit d’équipe et fait venir de très forts joueurs à la recherche de cet esprit. Pari largement gagné pour notre nouveau capitaine, qui relance totalement les actions nyonnaises. Trois magnifiques années où le niveau de l’équipe prend l’ascenseur dans la joie de se retrouver.
RÉSUMÉ DE LA SAISON 2022 DE LA PREMIÈRE ÉQUIPE
Pas de csg en 2021 à cause de la pandémie; Jean cède la main à Sébastien Joie pour l’année 2022 mais reste dans l’effectif. Il fait bien! Décisif à Riehen dans le match au sommet en prenant de gros risques sur son échiquier pour inverser une situation d’équipe compliquée, Jean aura largement participé à la conquête du titre. Sébastien gère à merveille les bases de l’équipe posées par ses prédécesseurs et enrichit le contingent de deux nouvelles arrivées particulièrement représentatives de l’esprit souhaité. Début de championnat canon à Zurich, suivi d’une très importante victoire à Nyon contre un Wollishoffen venu en terre vaudoise pour gagner. L’équipe prend conscience des possibilités qu’elle a si elle gère bien le match contre Gonzen. Laurent fait partie du voyage. Les anciens sont là, le club est soudé, l’équipe sort victorieuse. Un match-piège à Payerne est remarquablement bien préparé par Sébastien, appuyé par Alexei Charnushevitch et Guillaume Sermier. Le match au sommet contre Riehen est gagné sur le plus petit score avec trois nulles en fin de rencontre pour la victoire d’équipe; et enfin match pour le titre ce samedi 2 avril contre Kirchberg. Jean-Noël Riff annule au premier échiquier, le reste de l’équipe s’accroche. Dorian ne peut pas perdre, Quentin Burri non plus. Sevan Buscara obtient une nulle de combat, dont on ne sait pour l’heure si c’est une bonne ou une mauvaise affaire. Bilel Bellahcene démontre tout son talent au deuxième échiquier avec les noirs et accentue la pression.
Photo: Journal La Côte
La partie de Bastien Brailly-Vignal s’emballe. Spectaculaire, l’attaque du Nyonnais enthousiasme les spectateurs. En déficit de temps, Bastien agresse son adversaire et le mate sur l’échiquier. Sébastien glisse alors l’info à Dorian: une nulle sur ton échiquier, et le titre est acquis. Les Nyonnais exultent, le champagne explose, le vin alsacien de Jean-Noël est prometteur mais le tire-bouchon se fait attendre; le tire-bouchon est enfin retrouvé; le bruit du bouchon sauté fait éclater de rire Sébastien et son adversaire Lena Georgescu, qui jouent encore la dernière partie en cours; le vin de Jean-Noël tient toutes ses promesses. La suite de la soirée, vous la connaissez, ou presque. Les quarante convives du repas des actifs se retrouvent pour festoyer. Quelques bières plus tard, le président, plus efficace qu’aux échecs, montre son pragmatisme aux fléchettes face à nos titrés épatés. Et Murtez tient enfin son titre de champion suisse avec le club de son coeur dans lequel il évolue depuis 2010. Il a raflé, au passage, sa sixième victoire en six rencontres dans ce championnat.
Salut, Champion.
Photo: Journal La Côte
Photo: Journal La Côte.
De haut en bas, de gauche à droite: Bilel Bellahcene, David Lugeon (président), Jean Netzer, Quentin Burri, Laurent Vilaseca, Bastien Brailly-Vignal, Jean-Noël Riff, Sébastien Joie, Murtez Ondozi, Dorian Asllani, Sevan Buscara. Ont aussi joué lors des six premières rondes: Alexei Charnushevitch, Guillaume Sermier.