NYON CHAMPION SUISSE DE GROUPES POUR LA DEUXIÈME FOIS CONSÉCUTIVE! CHRONIQUE D’UN EXPLOIT QUI EN EST VRAIMENT UN.

A première vue, si on regarde les échecs de loin, on peut se dire qu’une équipe championne deux fois de suite ronronne sur un défi trop facile. Il n’en est rien, bien sûr! L’équipe de Nyon, bien gérée une nouvelle fois par le capitaine Sébastien Joie, a le mérite d’un championnat pas simple et maîtrisé de bout en bout.

C’est en effet une équipe « qui tourne ». A six rondes jouées sur sept, quinze joueurs ont été sollicités. Cette statistique n’a rien de surprenant par rapport aux autres équipes, et si Nyon finissait au milieu du classement, on ne s’en étonnerait pas. Mais Nyon s’est hissé en haut du classement en faisant tourner son effectif. On pourrait en effet attendre d’une équipe défendant son titre une composition plus « prévisible », avec les 6-7 meilleurs joueurs systématiquement alignés. En variant, Sébastien Joie rend la tâche de l’adversaire difficile dans la préparation de match, adversaire qui ne sait jamais quels joueurs seront dans les premiers échiquiers. Mais si Sébastien peut le faire, c’est qu’il peut compter sur la présence de quatre Grands Maîtres dans le contingent. Ainsi, chacun joue en fonction de ses disponibilités. Ce qui pourrait sembler être une faiblesse – aucun GM ne joue tous les matchs, et de loin – se révèle une force.

Après 6 rondes, deux joueurs ont joué tous les matchs: FM Murtez Ondozi et MI Sébastien Joie. Il en aurait dû être de même pour Dorian Asllani, malheureux à deux reprises parce que l’adversaire ne se présentait pas complet – le néopromu Wil se présentant à cinq joueurs seulement, et Zurich à sept sans prévenir – Dorian n’a donc pas pu jouer deux rencontres alors qu’il était titularisé pour chaque match.

Pour le reste ça tourne, et ça tourne plutôt bien! Jean-Noël Riff est le Grand Maître qui a joué le plus de matchs, en l’occurrence trois sur six, avant la ronde centrale. C’est dire que l’équipe comporte une très forte solidité dans les derniers échiquiers, et c’est en effet souvent à ces plateaux que Nyon fait la différence! Outre les fantastiques performances de Dorian Asllani et de Sébastien Joie, on saluera le remarquable championnat de Yohan Benitah, 3,5/4, et d’Emma Richard, qui fait un exploit personnel avec 3 victoires en 3 matchs! Quentin Burri fait lui aussi un splendide parcours avec 3,5/4.

Ces grosses performances sont comme souvent le résultat d’un remarquable esprit d’équipe. Qu’ils jouent souvent ou moins souvent, les joueurs donnent tout. Et la tâche n’est pas toujours simple; aucun match n’est gagné d’avance, tous les sportifs le savent.

Avant le championnat, personne n’avait conscience de l’importance cruciale du premier match contre Kirchberg. Avec une équipe ultra-compétitive (deux GM, 3 MI + FM Ondozi qui a plus de 2400 points, Dorian Asllani et Emma Richard au dernier échiquier), Nyon a vu arriver une équipe plus forte qu’elle sur le papier! Match tendu, mais le champion en titre a l’élan du champion. Le score est certes très flatteur: 2,5 – 5,5 après une rencontre acharnée, avec – déjà – des exploits individuels pour lancer la saison. Dorian annule contre Lena Georgescu; Bilel Bellahcene fait de même contre Vitaly Kunin (près de 2600) au premier échiquier ; mais surtout, Emma Richard, au 8ème échiquier, bat une joueuse (WGM) disposant de presque 200 points de plus qu’elle!

Emma aura lancé la saison de l’équipe par une grosse performance; comme un symbole, c’est elle qui acquiert le point décisif contre Wollishofen à la sixième ronde, offrant à Nyon son deuxième titre de champion suisse de groupes consécutif.

C’est sans aucun Grand Maître que Nyon a glané sa victoire pour le titre lors de la sixième ronde, contrairement à son adversaire du jour qui disposait quant à lui d’un GM. On savait Jean Netzer capable de l’exploit au premier échiquier. Il a néanmoins dû rendre les armes. Derrière cependant, c’était la déferlante nyonnaise. Il fallait un match nul; la victoire ne rend le titre que plus savoureux.

Prêts pour la passe de trois? Enthousiasme déjà exprimé de l’équipe. Mais attention, le plus dur, c’est peut-être le troisième. Nyon est désormais attendu à chaque virage. La rançon de l’exploit, c’est ça.

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